Cassel, le 1er mai : rendez-vous amoureux
La fête des amoureux a changé de date… Hé oui, je m’adresse à vous, amateurs de belles autos, il faut oublier le 14 février.
Le 1er mai, ce n’est pas que la fête du travail surtout, à Cassel dans le département du Nord de la France. C’est également celle de la belle voiture grâce au travail d’un homme, Christophe Pund, fondateur de la Galerie des Damiers.
Cependant, avant de vous parler de l’événement, je me permets d’évoquer quelques souvenirs pas si lointains… enfin presque. En véritable passionné de voitures, j’ai très tôt eu la chance de flâner chez les concessionnaires (merci papa). De même, j’ai traîné mes guêtres (désolé pour les moins de 25 ans qui ne connaissent pas l’expression) dans différents salons ou expositions.
Par chance en France, il y a tout simplement l’immanquable Rétromobile à la porte de Versailles de Paris. Pendant des années, je m’y suis précipité. J’usais les allées de mes pas, je discutais avec les libraires (ou plutôt je leurs tenais la grappe), j’assistais aux ventes aux enchères. Et surtout, je scrutais qui assurait de sa présence. Évidemment, d’année en année, je voyais la valse des exposants. Ainsi, j’ai pu y voir débarquer dans les années 1990, si mes souvenirs sont exactes, la très jeune Galerie de Damiers.
Je me disais « Quel beau nom ! La classe ! »
Sur son stand, c’était aussi la classe ! La Galerie des Damiers mettaient à l’honneur des constructeurs disparus. D’ailleurs, elle ne cesse de le faire. Si je vous parle d’OSCA ou bien de l’OSI Silver Fox, je suppose que vous êtes déjà perdus. Christophe Pund, lui ne l’est pas et son sens aiguisé de la collection lui permet de proposer des « must-have » à ses clients très fortunés ou pas. Ce sont surtout des amoureux de l’auto qui viennent à l’adresse de la galerie.
Heuliez, Chapron, le prestige français
Cela étant dit, revenons à notre 1er mai à Cassel. Ici, pas de chichis ni d’étalage bling-bling.
Dans ce parc où se tient une imposante bâtisse, se mélangent bon goût et sobriété. Malgré tout, afin d’accéder en ce lieu et en cette date, il est nécessaire d’y être invité. Une fois dans l’antre, les mots qui me viennent à l’esprit manquent cruellement d’élégance.
D’emblée, le décor est planté. Voilà que je tombe nez-à-nez avec le gratin de la production française : 3 Citroën SM. Ok, ce n’est pas ce que l’on appelle une rareté dans sa version de base. Or, ces trois SM sont exceptionnelles. Il y en a 2 qui sortent de la carrosserie Henri Chapron, la Mylord (cabriolet), l’Opéra (berline). La troisième est l’oeuvre de la carrosserie Heuliez. Il s’agit de la SM Espace. Le toit se distingue en deux parties avec des lamelles escamotables afin de rouler cheveux au vent. Rien de tel pour profiter des accélérations du V6 Maserati de 2.7 litres et 170 chevaux.
Je déambule déjà K.O. De ce fait, je crains pour la suite. Malgré tout, ce n’est pas que le rendez-vous des pièces uniques. Il y a du choix avec des Porsche 911 de toutes générations, une BMW Z8 emblématique du Néo-rétro, des Alfa Romeo. Bien sur, elles côtoient de rares OSCA, Cisitalia, De Tomaso, Aston Martin, Lancia, Bugatti, Maserati etc.
Forza Italia !
Ce qui surprend principalement c’est que l’âge d’or de l’automobile correspond à la consécration des carrossiers et des designers.
Touring, Zagato, Pinin Farina, Chapron, Ghia, des noms parlant peu au grand public à qui pourtant nous devrions être reconnaissants.
Fort heureusement, si le prestige français s’est éteint, celui des italiens demeure présent. Zagato, Touring, Pininfarina subsistent. Il y a le fantôme de la maison Bertone disparue en 2014. Nous lui devons la Lancia Stratos, présente à Cassel en version Stradale. Il faut comprendre par là qu’elle est prête à prendre la route.
Ça fait rêver.
Tout en musique, je poursuis mon chemin entre les piques-niques et les autos. Je reste pantois devant le camion Berliet de la Voix du Nord signé par Le Bastard et Philippe Charbonneaux (le papa de la Renault 16). Un orchestre y joue. Cela ajoute au charme de ce 1er mai à Cassel. D’autant que ce charme opère bien mieux grâce à la marque italienne Alfa Romeo et ses chefs-d’œuvres en provenance du musée de Mulhouse :
- 1900 C52 Disco Volante a fianchi stretti par Touring
- 8C 2900A Berlinetta par Pinin Farina
- 8C Spider par Touring
Néanmoins, ma préférence va pour l’Alfa Romeo 8C 2300 Monza qui conserve intact sa patine rouge/bordeaux. Instantanément, j’imagine Enzo Ferrari, les mains dans le cambouis, le capot d’une 8C ouvert. Il maugrée quelques jurons (la décence m’interdit de traduire des mots insultants pour les mamma italiennes) et espère la victoire aux Mille Miglia de 1933… Heureusement, elle gagna.
Le orange est à la mode
Que dire de plus, il y en a tellement…
Une très française Facel Vega II garée sous un arbre tourne le dos à un roadster Mercedes 300 SL. Deux façons de rouler avec style durant les années 1960. Finalement, comme la nostalgie a du bon lorsque nous sommes devant la Lamborghini Espada dans une livrée orange, très funky, très années 1970. De nos jours, si vous croisez une véhicule orange, vous pensez à la DDE… morne époque.
Tristement, une Lola T70 du pilote néo-zélandais Denny Hulme attend le moment de sa restauration. Le constat est simple, il reste beaucoup de travail car si la carrosserie semble intact, il manque tout le reste. Sincèrement, il semble difficile qu’elle soit remise en état pour le 1er mai 2020… Ce n’est pas le cas de la Serenissima Ghia GT de 1968. Concrètement, ce n’est plus une voiture mais une oeuvre d’art unique. Sous le capot, son V8 de 3.5 litres offrent 320 chevaux qui sont bien suffisants pour une ex-Salon de Turin, Genève et New-York de 1968. Beau palmarès !
À dans 20 ans
En définitive, toutes ces autos réunies en ce lieu serein chassent mon empressement à me rendre au prochain Rétromobile.
Fortuitement, la batterie de mon appareil est au bout de ses capacités. Ainsi, il est temps de rentrer à la maison avec des rêves plein la tête. Tout de même, je me décide à prendre le plus grand soin de ma SAAB car qui sait, dans 20 ans, toujours amoureux, je viendrais à mon tour pique-niquer un 1er mai à Cassel. D’ici-là, peut-être aurais-je écrit un article sur Christophe Pund pour vous en apprendre plus sur la Galerie des Damiers… ce serait vraiment la classe !